1.1. Les bourgeois
La classe des bourgeois est la classe sociale
la plus représentée et analysée par Molière. Et c’est dans la cellule familiale
bourgeoise que Molière prend les événements qui l’intéressent : les questions
de mariage, de l'autorité du père, des relations entre époux, du désir
d’indépendance des enfants.
Pris par son activité d’artiste, marié mais
n’ayant eu qu’un seul enfant qui ne soit pas mort peu de temps après la
naissance, Molière ne semble pas avoir eu une vie bourgeoise, mais c’est de ce
milieu-là qu’il vient : un milieu où l’on a des biens, où le souci de l’argent
a tendance à prendre le pas sur l’amour.
Molière a peint toute une galerie de
bourgeois différents : Tartuffe, devenu naïf sous l’emprise d’une fascination,
Alceste, (le Misanthrope) écartelé entre l’amour et la solitude, Harpagon
(l'Avare), dévoré par sa passion de l’argent, Chrysale (les Femmes savantes),
défenseur du rôle domestique de la femme, Monsieur Jourdain (le Bourgeois
gentilhomme), type du nouveau riche qui voudrait accéder à la classe sociale
supérieure. Arnolphe (l'École des femmes ) présente l’originalité d’être situé
hors contexte : c’est un solitaire qui veut façonner une jeune fille selon ses
désirs.
Les personnages d’épouses ont souvent moins
d’épaisseur. Si Philaminte (les Femmes savantes) représente singulièrement une
précieuse très active et en conflit avec son mari ; si Béline (le Malade
imaginaire) est une intrigante, les autres épouses, Elmire (Tartuffe), Madame
Jourdain (le Bourgeois gentilhomme), sont des femmes raisonnables qui défendent
la solidité et les valeurs de la famille contre les extravagances de leur
conjoint.
Quant aux jeunes gens, ils attirent la
sympathie mais ils manquent de personnalité. Ils sont presque interchangeables
d’une pièce à l’autre.
1.2. Les nobles
Dom Juan donne une image flatteuse d’un
aristocrate, mais la pièce ne parle pas exactement de la réalité sociale. C’est
une variation sur un sujet déjà traité par un auteur espagnol. Le personnage
est plus mythique qu’inscrit dans la réalité du XVIIe siècle.
Vis-à-vis des nobles de son temps, Molière
est le plus fréquemment sévère et même cruel. Il a personnellement beaucoup
souffert de leur arrogance et de leur suffisance. Il les ridiculise dans la
Critique de l'École des femmes et dans l'Impromptu de Versailles. Il se venge
une fois encore de tous les courtisans appartenant à l’aristocratie à travers
les deux personnages de « petits marquis » dans le Misanthrope et des odieux de
Sotenville dans George Dandin. Enfin, Dorante, le noble dans le Bourgeois
gentilhomme, est un malhonnête homme, empruntant de l’argent qu’il ne rembourse
pas.
1.3. Les serviteurs
Les domestiques sont, chez Molière, des
personnages aussi importants pour l’action que pour les effets comiques. Ils
viennent autant de l’image qu’ont donnée d’eux les farces latine et italienne
que de la réalité de tous les jours.

Les serviteurs masculins, héritiers
d’Arlequin, sont, comme Scapin, malhonnêtes (ou, tout au moins, rusés),
fréquemment profiteurs et alcooliques, mais fidèles à leur maître et d’une
imagination si efficace qu’elle débrouille les situations les plus compliquées.
Molière a progressivement humanisé ce type de personnage, en passant de
Mascarille, le rusé, à Sganarelle qui représente par moments les souffrances
des gens du peuple.
Pour les servantes, Molière a fait encore
davantage éclater les cadres de la tradition. Les servantes sont la voix de la
raison et la voix de Molière lui-même. Leur bonhomie, leur culot, leur langue
bien pendue, la saveur de leur langage, leur absence de crainte face aux
maîtres, leur défense des enfants arrivés à l’âge du mariage, tout fait d’elles
des héroïnes dont les défauts – elles ne savent pas rester à leur place – se
transforment immédiatement en qualités. Dorine (Tartuffe), Martine (les Femmes
savantes) et Toinette (le Malade imaginaire) incarnent un bon sens populaire
sans lequel Molière manquerait d’un instrument de mesure pour juger l’évolution
de la société et les travers de ses héros.
1.4. Les paysans
Les paysans apparaissent rarement, sauf quand
Molière a besoin de personnages dotés d’accents provinciaux, comme Pierrot dans
Dom Juan. George Dandin, le paysan enrichi qui a eu le malheur d’épouser une
aristocrate, reste une exception. Mais cette pièce, George Dandin, traduit
peut-être plus un désir de Molière de s’en prendre aux nobles qu'un intérêt
profond pour la paysannerie.
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